SOCIÉTÉ
Enfants influenceurs?

Stars du web

Les enfants influenceurs, ce sont ces enfants qui ont un grand nombre de spectateurs et d’abonnés sur les réseaux sociaux, et dont les contenus sponsorisés leur font gagner pas mal d’argent car ils séduisent énormément de jeunes. Qui, en effet, mieux qu’un enfant, peut faire la promotion d’un jouet ou d’un parc d’attractions? Souvent filmés et mis en scène par leurs parents, ce sont les nouvelles stars du web. Or, outre les risques que comportent les réseaux sociaux pour tous les enfants, les influenceurs risquent en plus d’être exploités car ils ne sont pas protégés par le droit du travail.

Le rôle des parents

Quand son enfant est exposé sur les réseaux sociaux, c’est important, en tant que parent, de pouvoir prendre du recul quant au contenu qui va être posté. Et c’est là toute la difficulté, car sur les réseaux, tout est instantané et prendre le temps de la réflexion n’est pas toujours évident. Les parents peuvent intervenir dans la prise de recul nécessaire face aux écrans en étant attentifs à la place qu’ils prennent dans la vie de leurs enfants, en modifiant leurs habitudes en termes de consommation d’écrans, en privilégiant les temps de qualité sans écrans avec les enfants ou encore en termes d’éducation aux écrans si l’enfant poste lui-même ses contenus. De cette manière, le parent peut fournir à l’enfant des exemples sur les attitudes à adopter face aux écrans.

(Més)estime de soi

L’exposition de son enfant, de sa famille, sur les réseaux sociaux, est parfois d’abord vue comme une forme de valorisation. On cherche à montrer une image positive de soi. Et même si c’est vécu de cette manière, il faut veiller à ce que l’exposition de l’enfant ne devienne pas, à l’inverse, une source de mal-être pour lui. Le risque est réel de détériorer l’estime qu’il a de lui-même, que ce soit par la comparaison avec l’image idéalisée qu’il cherche à renvoyer sur les réseaux, mais qui ne correspond pas toujours à la réalité, par le dévoilement peu conscientisé de son intimité et de sa vie privée, par le fait de ne pas toujours savoir quelle utilisation sera faite des images postées ou encore par les jugements et les moqueries auxquels il peut se retrouver confronté. Ces risques relatifs à l’exposition sur les réseaux sociaux peuvent avoir un impact sur le processus de construction identitaire et, par conséquent, avoir des implications plus ou moins profondes sur le maintien et le développement de l’estime que l’enfant, le jeune a de lui-même.

Un cadre légal?

En Belgique, la loi interdit le travail des enfants de moins de 15 ans, ou qui sont encore soumis à l’obligation scolaire. Mais il existe des dérogations pour les enfants mannequins, acteurs ou chanteurs par exemple, dont l’activité est réglementée et protégée. Rien, par contre, pour les enfants influenceurs. Une proposition de loi a été déposée afin de leur accorder la même protection. Elle vise tout d’abord à intégrer ce nouveau métier dans la loi afin que l’activité des enfants influenceurs soit considérée comme un travail au sens juridique du terme, au même titre que celui exercé par les enfants acteurs ou mannequins. Cette proposition de loi permettra également qu’un arrêté royal fixe un montant maximum de rémunération et, comme c’est déjà le cas pour les enfants mannequins ou acteurs qui travaillent, que l’argent soit bloqué sur un compte d’épargne au nom de l’enfant, auquel il ne pourra accéder qu’à partir de ses 16 ans. Enfin, chaque enfant devra demander (par l’intermédiaire de ses parents) l’autorisation auprès du Service public fédéral de l’Emploi pour pouvoir travailler. Les autorisations ne seront accordées que pour une activité précise et une durée déterminée.