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Bruyantes expressions

Lorsque l’on parle d’émotion enfantine, on pense souvent à la bruyante expression de ces émotions (crises de larmes, rires cris…) Il est donc utile distinguer les émotions et l’expression de ces émotions : l’enfant est en colère (émotion) et il peut l’exprimer par des pleurs, des cris, en tapant les pieds ou même en se renfermant Lorsqu’ il a peur il peut s’exprimer par le pleur, se cacher, s’enfuir,, crier, bouder… Reconnaître cette différence est important, car l’enfant va évoluer progressivement dans sa manière d’exprimer ces émotions et pour ce faire, il a besoin des adultes autour de lui pour l’accompagner. À chaque étape de son développement, l’enfant va ressentir et vivre ses émotions de manière plus au moins envahissante pour lui, avec une conscience relative de ce qui se passe dans son corps, dans sa tête et son esprit. Ils ne sont pas tout de suite capables de réagir avec mesure : voilà pourquoi les réactions de l’enfant peuvent nous paraître disproportionnées !

 

La crise : une opportunité de partage

Pour les enfants plus petits ou plus grands, l’essentiel en cas de crise est que l’adulte puisse « accueillir, essayer de comprendre, nommer et accompagner » . Accueillir : c’est recevoir ce qui se passe sans porter un jugement, sans essayer de faire arrêter immédiatement. Accueillir la peur, la colère, la tristesse sans pour autant devoir trouver une solution immédiate. Par rapport à la manière d’exprimer ses émotions ,la limite reste son corps et celui de l’autre, c’est-à-dire, il peut être en colère, mais sans faire mal à lui-même ou à l’autre. Essayer de comprendre c’est connaître si possible, les origines, les causes même si on considère que la crise est démesurée. Banaliser ou dramatiser ne permettra à l’enfant ni de grandir ni d’apprendre à faire face à ses difficultés. Quand il est petit, il ne sait pas forcément nommer ses émotions : l’adulte joue un rôle important : nommer les émotions et ressentis de l’enfant. C’est la seule manière d’aider l’enfant à pouvoir progressivement exprimer ses émotions de manière acceptable et compréhensible dans les groupes. : Plus il aura de mots, moins il aura besoin de « parler » avec son corps. Partager ce qui fait mal, ou peur, ou procure de la joie, est essentiel pour la construction de l’enfant : il faut lui permettre à de vivre ses émotions dans un cadre sécurisant : « Il est préférable de le laisser exprimer sa colère, il en a besoin. »

 

Accueillir avec bienveillance

Les enfants sont en train de découvrir les sentiments, les émotions et comment les s’extérioriser. Si on dramatise ou on banalise, on perd le contact avec le vécu de l’enfant pour se trouver dans le jugement ! Un exemple ? L’enfant se blesse légèrement et hurle. Si on se fâche en lui disant « ce n’est rien, » il va continuer à crier, s’énerver… Par contre, si on s’intéresse en lui faisant confiance et lui disant « ça fait mal, mais tu es courageux ! Viens, on va soigner ta blessure… » On lui offre la possibilité de réagir autrement de ce détacher de sa réaction primale. Personne n’a la possibilité de mesurer la douleur de l’autre, d’autant plus qu’ici nous parlons des enfants qui sont eux-mêmes en train de découvrir les effets physiques et psychiques de leurs blessures. La petite blessure, c’est souvent l’occasion pour l’enfant de pleurer, de se décharger d’autres émotions et que les soins apportés par le parent avec une pommade ou un petit sparadrap sont vécus comme des pansements « câlins ».

 

Accueillir sans préjugés !

L’accompagnement des émotions est particulièrement complexe, car les émotions, les comportements, les scènes dont nous sommes témoins réactivent souvent en nous des vécus personnels et des croyances dont nous n’avons pas toujours conscience et pourtant qui influencent notre attitude.
Éviter toute forme de disqualification : par exemple, la colère — qui est une réaction saine à une frustration — peut conduire un jeune enfant à adopter des comportements agressifs. S’il importe de marquer son désaccord par rapport à l’acte qui nuirait à un autre enfant, d’accompagner l’enfant dans l’acquisition d’autres comportements, il est tout aussi essentiel de ne pas le juger (ex. : « tu es méchant… »). Attention aussi aux préjugés sexistes : un petit garçon a autant le droit d’exprimer son chagrin par des pleurs qu’une petite fille…

 

Reconnaître aussi la joie !

C’est aussi une émotion et elle est signe de vie ! Pourtant certains parents sont rapidement agacés par les « débordements » de joie, qu’ils accueillent par des « chut » ou bien « Calme-toi ! ». Bien sûr , c’est bruyant, ça prend de la place et on n’est pas toujours en état pour « subir ça », mais en mettant , si possible , votre fatigue, stress de côté et donnant la priorité à l’enfant et à sa joie, vous gagnerez en plaisir de vivre et en complicité de ce moment partagé… De plus, si on ne lui prête attention que lorsqu’il est dans l’expression de sentiments douloureux, on pourrait lui donner l’impression que seules ces émotions-là sont « valables » ou dignes d’intérêt.

 

Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
Qu’est ce que les émotions et pourquoi est il important de les prendre en compte ?
Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
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Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
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Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
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Emotions parentales

Double couche

Assez connu, les enfants sont dépendants et sensibles aux réactions des adultes. Les adultes sont eux aussi pétris de sentiments souvent contradictoires – Comment jongler entre l’agacement, lié à une crise et des cris pour ce que l’on considère comme une broutille et qui survint souvent quand nous somme stressés, pressés fatigués ? Et le sentiment d’impuissance ressenti lorsqu’on n’arrive pas à identifier la source de la tristesse ou de la colère de l’enfant ? L’expression des émotions de nos enfants peut nous submerger. Les adultes, peuvent éprouver eux même des émotions fortes, des sentiments perturbants : être inquiet par rapport à son enfant, se demander quoi faire, se sentir coupable de ne pas pouvoir trouver « une solution », s’interroger sur ce qu’il a fait mal, être gêné vis-à-vis de son entourage, essayer de trouver des coupables ailleurs… croire qu’il y a des solutions miracles…

 

Calmer le jeu !

En cas de crise : l’enfant qui nous montre qu’il est dépassé par ses émotions. Ça déborde… il a du mal à sortir de son état de souffrance. Pleurer lui permet de libérer physiologiquement la tristesse, la colère et ainsi, d’évacuer des émotions qui le perturbent. Isabelle Filliozat, psychothérapeute, directrice de l’École des Intelligences Relationnelles et Emotionnelles propose des réactions concrètes en cas de crise : Pour le calmer et amener de l’oxygène ; il faut le faire respirer. Pour créer une coupure dans le processus et hydrater son cerveau : lui donner un verre d’eau. Lui faire un câlin pour la production d’ocytocine, l’hormone de l’attachement, qui va le rassurer.

 

Éviter de cataloguer :

Attention à ne pas réduire l’enfant à l’émotion qu’il exprime. Un enfant qui se fâche n’est pas un colérique, un enfant qui pleure n’est pas un pleurnichard. Si on lui colle de telles étiquettes l’enfant risque de s’ajuster à l’image négative que l’adulte lui renvoie sans cesse. Privilégions donc l’image positive témoin de la confiance accordée à l’enfant…

 

Enfant mordeur

La morsure provoque souvent des réactions importantes : elle peut faire mal et laisser des traces impressionnantes, mais elle est aussi pour l’enfant une manière d’exprimer quelque chose. Entre 0 et 6 ans, plusieurs situations existent.
Chaque cas est particulier sans être nécessairement catastrophique.

 

Une morsure « réponse »

Un enfant pris par son jeu, ses deux mains occupées peut utiliser sa bouche et mordre pour défendre son espace. Dans les milieux d’accueil on parle souvent de « périmètre de sécurité » pour chaque enfant, car il a besoin d’espace pour jouer, pour faire ses expériences. Il n’a pas encore les compétences pour dire à son copain : « pardon, excuse-moi, mais est-ce que tu pourrais reculer un peu pour que je puisse monter et démolir ma tour ? ». L’agressivité est un moteur d’épanouissement et il ne faut jamais vouloir la faire taire ; c’est la façon dont elle s’exprime qui fera l’objet de l’intervention de l’adulte. Celui-ci amènera l’enfant à montrer qu’il n’est pas d’accord par des gestes qui ne font pas mal, à mettre des mots là où l’agressivité s’exprime de manière violente.

Une morsure « question »

L’enfant a besoin de découvrir et reconnaitre les objets par la bouche : les autres enfants qui sont autour sont d’une certaine façon des objets comme si c’étaient des jouets. Même si nous observons des interactions entre les bébés, la conscience de l’autre est encore à construire. Ici l’intervention de l’adulte sera avec des mots, mais surtout dans l’aménagement de l’espace, des jouets et objets proposés afin de donner à l’enfant la possibilité d’explorer, de gouter tout en offrant la protection nécessaire aux autres enfants.

Une morsure « d’affection »

Qui n’a jamais dit d’un bébé qu’il était « à croquer » ? Certains enfants vont essayer le contact « amical » avec un autre par la bouche… si un adulte sait embrasser sans mordre, l’enfant lui n’a pas encore cette capacité… et on entend des adultes qui disent : « on le mangerait… » « Il est à croquer ! » Peut-être que les enfants utilisent le même langage « oral » que les adultes qui l’entourent…

Une morsure « d’angoisse »

Combien de fois on peut dire que l’enfant mord « pour rien ». Il y a toujours des hypothèses à faire, à vérifier. Observer le contexte propice aux morsures : un nombre important d’enfants dans un même espace souvent pas aménagé et équipé permettant le jeu libre et attrayant pour eux ; parfois des changements dans la vie de l’enfant comme une séparation, un petit frère ou petite sœur, une maladie dans la famille, un décès, un déménagement … Les changements en soi ne vont pas provoquer necessairement des changements au niveau du comportement de l’enfant. Ce qui peut le perturber, c’est le manque d’une parole juste pour annoncer, parler sur ce qui se passe ou va se passer.

 

 

Eduquer : comprendre et encadrer

Dans tous les cas, la présence et l’intervention de l’adulte sont la clé ! La fonction d’éducation ne peut qu’être centrée sur la manière de s’exprimer, sur le type de manifestation des émotions – on ne saurait pas agir sur les sentiments eux-mêmes : on peut à la fois comprendre la colère et ne pas hésiter à exprimer son désaccord si la manière de l’exprimer met en péril son propre coprs ou le corps de l’autre.

 

 

Merci à toutes les personnes qui ont contribué à cette réalisation.
Rachel Pereira, maman
Nous explique comment elle a abordé avec son enfant la question du décés de son chien.
Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
Comment aider l’enfant lorsque l’on est soi même en proie à une émotion particuliére ou en cas de conflit?
Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
Vers qui se tourner lorsque l’on se sent impuissant à aider l’enfant ?
Lucia PEREIRA, Conseillère Psychopédagogique ONE
Comment gérer l’enfant et les émotions générées par la morsure ?
Documentation sur le sujet