SCOLARITÉ
Décrochage?

Démotivation, échecs répétés, sentiment d’exclusion… Le décrochage scolaire est un phénomène complexe qui fait qu’un élève rompt progressivement avec l’école ce qui génère des dégâts humains et sociaux considérables. En Belgique, en 2023, selon les données de l’IWEPS*, 6,2 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont quitté prématurément le système éducatif sans obtenir de diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. Ce taux est encore plus élevé en Wallonie, atteignant 6,7 %, avec une disparité notable entre les sexes : 9,0 % chez les garçons contre 4,2 % chez les filles .​Iweps+1indicators.be+1

Le décrochage scolaire ne se résume pas à un simple abandon des études. Il s’agit d’un processus progressif où l’élève se désengage peu à peu de l’école, manifestant des signes tels que l’absentéisme, le désintérêt pour les cours, et une baisse de la motivation. Ce phénomène est multifactoriel, résultant de l’interaction de divers facteurs internes et externes au système scolaire.
Facteurs individuels: difficultés d’apprentissage, troubles de l’attention, manque de motivation, faible estime de soi.​
Facteurs familiaux: conflits familiaux, manque de soutien parental, conditions socio-économiques précaires.​
Facteurs scolaires: relations tendues avec les enseignants, méthodes pédagogiques inadaptées, climat scolaire défavorable.​
Facteurs sociaux : harcèlement scolaire, isolement, influence négative des pairs.​

On constate par ailleurs de grandes différences dans le parcours scolaire des adolescents issus de l’immigration, vivant des situations familiales difficiles ou dans la précarité. Certaines études ont montré une corrélation entre l’origine sociale et l’orientation scolaire. L’écart entre les résultats des élèves issus de milieux socio-économiques favorisés et ceux des élèves issus de milieux défavorisés reste en effet très important et la reproduction des inégalités sociales est toujours extrêmement présente à l’école.

Le décrochage scolaire a des répercussions significatives sur la vie des jeunes concernés. Il limite leurs perspectives d’emploi, accroît le risque de précarité et peut engendrer des problèmes de santé mentale. Il s’accompagne d’un profond sentiment d’exclusion non seulement du système scolaire mais plus globalement de la société: les jeunes ne s’y voient plus acteurs mais spectateurs dans un monde complexe et hostile. Ils perdent toute motivation et toute perspective d’avenir. Ils décrochent de l’école et se coupent de tout sentiment citoyen. De plus, en restant de longs mois sans aller à l’école, ils se retrouvent parfois très isolés, en perte de liens sociaux. Ils risquent alors davantage de développer des idées suicidaires et de se retrouver dans des services psychiatriques.

Face à cette problématique, diverses actions ont été mises en place: accompagnement personnalisé, tutorat et soutien psychologique, implication des familles, des enseignants, des services sociaux et des associations pour un suivi coordonné des élèves à risque, développement de méthodes d’enseignement plus interactives et inclusives pour maintenir l’engagement des élèves.​ Des organisations comme l’asbl Odyssée œuvrent activement pour lutter contre le décrochage scolaire et réaccrocher les jeunes afin qu’ils deviennent acteurs de leur avenir et de leur vie quels que soient leur origine, leur statut social, leur situation familiale.