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La fourchette pour la cuillère

« L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a déclaré que tous les besoins de l’enfant sont couverts par l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de vie. Inutile donc de se précipiter pour introduire des aliments solides si la mère a la possibilité et souhaite poursuivre son allaitement de façon exclusive pendant les 6 premiers mois. Par ailleurs, la diversification avant l’âge de 4 mois comporte des risques sur le plan des allergies alimentaires et peut ne pas être compatible avec le développement du nourrisson… Cela dit au-delà de 6 mois, l’alimentation lactée seule ne suffit plus à couvrir les besoins nutritionnels de l’enfant. Il existe donc une fourchette entre 4 et 6 mois pour commencer l’initiation à l’alimentation solide et diversifiée. Elle sera réalisée et adaptée selon le développement du tout petit. Si l’enfant est né prématuré, il est recommandé de retarder la diversification du nombre de semaines de prématurité, c’est-à-dire de raisonner en « âge corrigé ».

 

Pédaler dans la panade :

Passer du liquide au solide, ça demande d’être prêt et ça s’apprend… On peut observer les signes qui montrent que l’enfant est prêt à essayer : le tonus global, le maintien de la tête, le fait de prendre facilement les objets et de les porter à la bouche, l’intérêt actif de l’enfant lorsqu’il voit ses parents manger, la fin progressive du réflexe d’extrusion (le fait de repousser les aliments hors de la bouche avec la langue). Ces différents points sont en général observables chez les bébés de 5 à 6 mois… Mais d’autres facteurs psychosociaux doivent également être pris en compte pour commencer à essayer : la culture et les habitudes alimentaires familiales, les conditions socio-économiques, la reprise du travail de la mère, la place de l’enfant dans la fratrie… L’entrée en milieu d’accueil peut aussi être l’occasion de commencer une diversification afin de diminuer, un peu, les quantités de lait maternel nécessaires, pendant le temps d’accueil.

 

Par quoi commencer ?

Qu’on ne s’y trompe pas : cette alimentation solide tient davantage du semi-liquide : fruits mixés, légumes cuits et mixés… Le plus judicieux est de débuter par des fruits ou des légumes habituellement consommés par les parents, non seulement ils savent les cuisiner, mais l’enfant aura déjà goûté ces aliments via le liquide amniotique de la maman et le lait maternel. Le repas de fruit sera composé de fruits uniquement quant au repas de légumes on y ajoutera féculent et matière grasse, mais pas de sel ! Par contre, herbes fraîches (nettoyées et mixées) et épices (douces) sont recommandées, car elles élargissent la palette gustative de l’enfant.

 

Quels féculents ?

En Belgique, on commence souvent par la pomme de terre, mais il existe de nombreuses possibilités: semoules, petites pâtes, riz, millet… On peut aussi introduire des farines et céréales infantiles pour préparer des bouillies. Il faudra les choisir non lactées, non sucrées et non aromatisées. On oubliera par contre les biscuits que l’on ajoutait avant aux panades de fruits : trop sucrés, riches en mauvaises graisses, ils sont source de déséquilibre alimentaire.
Le pain pourra être proposé à l’enfant lorsque le lait ne lui suffira plus au petit-déjeuner ou au dîner : on peut en faire de la bouillie ou le donner en petits morceaux trempés dans la soupe.
Plus tard, vers 10-12 mois, le bébé pourra consommer le pain tel quel selon sa capacité à mastiquer. Du beurre pourra être ajouté sur la tartine, seule garniture nécessaire pour son développement. Par contre, le miel devra être évité avant l’âge d’un an. Il peut contenir des microbes difficiles à combattre pour les nourrissons de cet âge, avec le risque d’une intoxication alimentaire (botulisme infantile).

 

Et les allergies alors ?

Les études réalisées dans le cadre de la prévention de l’allergie n’ont pas montré d’intérêt de retarder l’introduction des aliments à risque allergisant (poisson, œuf, pâte d’arachides ou de noisettes, crustacés, fruits exotiques) au-delà d’un an. Le poisson, les œufs peuvent donc être introduits comme la viande à partir de 6-7 mois. Ces aliments ont un réel intérêt nutritionnel et font partie de l’alimentation courante. Par ailleurs, des hypothèses sont avancées qu’un phénomène de « tolérance » peut se développer si ces aliments sont présentés en très petite quantité régulièrement. Cela posé, la plupart des céréales infantiles, les biscuits, mais aussi les pâtes et le pain contiennent du gluten et il est malgré tout recommandé actuellement de l’introduire autour de 6 mois. Si possible, il sera introduit en petite quantité lorsque l’enfant est toujours allaité.

 

Dr. Marylène DELHAXHE, Conseillère pédiatre ONE
Quel est l’âge limite pour commencer la diversification alimentaire ? Et comment savoir quand l’enfant est prêt ?
Nathalie CLAES, Diététicienne ONE
Par quels aliments commencer la diversification alimentaire ? Y-a t’il des interdits ? Quand et comment introduire la viande ?
Dr. Marylène DELHAXHE, Conseillère pédiatre ONE
Faut-il diminuer tétées ou biberons quand on commence la diversification alimentaire ?
Nathalie CLAES, Diététicienne ONE
La diversification alimentaire ça s’apprend cuillère par cuillère, comment aider l’enfant ?
Condiments ?
L’être humain est prédisposé à s’orienter vers les saveurs sucrées. Donner de l’eau aromatisée (tisane, sucre, sirop, jus...) renforce cet attrait et instaure de mauvaises habitudes dont les conséquences sont multiples (caries dentaires, manque d’appétit aux repas solides, risque d’excès de poids...). Il est important de le familiariser très tôt les enfants au goût de l’eau nature, qui est la meilleure boisson pour tous. L’alimentation du nourrisson étant très riche en eau (lait, fruits, légumes...), il est normal qu’il n’en boive que de petites quantités. Mais quand le nourrisson n’a plus de complément de lait, on pourra lui présenter à chaque repas une petite quantité d’eau à la cuillérée pour commencer puis au gobelet. L’avantage du gobelet par rapport au biberon d’eau est qu’on ne peut pas le trimballer ou l’oublier n’importe où (ce qui favorise la multiplication des bactéries.). Avoir des repères rassurent les bébés, c’est pourquoi il est conseillé de leur laisser la référence du biberon pour le lait et du gobelet pour les boissons.
Les besoins en graisses sont proportionnellement plus importants chez le bébé que chez l’adulte. Les lipides sont nécessaires aux nourrissons, car les graisses sont essentielles à la formation et au bon développement des cellules du cerveau (qui est constitué de 50% de lipides.) Après la cuisson, des légumes, on ajoute 2 à 3 cuillères à café d’huile ou de beurre – non cuits — (proportionnellement une cuillère à café de matière grasse pour 100 g de repas). Chaque type de matières grasses possède une composition nutritionnelle spécifique. On recommande de les varier en en privilégiant les huiles pressées à froid, riches en acides gras poly insaturés de type oméga 3 (colza, soja) qui font trop souvent défaut dans notre alimentation. Voir l'adf 428 sur le sujet.
Nous mangeons trop de viande, mais les protéines et le fer qu’elle apporte sont nécessaires pour le développement. On pourra donc introduire progressivement, vers 7 mois, et en petite quantité viandes, volailles, poissons et œufs. Avant un an, la quantité de viande cuite recommandée est de 10 à 15 g/jour (2 cuillères à café de viande moulue). Les seules viandes à éviter sont les préparations (saucisse, jambon, boudin...), car leurs qualités nutritionnelles sont mauvaises (graisses saturées, sels, exhausteurs de goût...). La consommation de poisson gras est recommandée, car ils sont riches en acide gras oméga 3. Les aliments d’origine animale sont toujours proposés bien cuits à l’enfant, de manière à prévenir le risque d’intoxication alimentaire. Si vous souhaitez faire adopter à l’enfant un régime végétarien, c’est possible, mais l’idéal sera de consulter un diététicien pour s’assurer que l’enfant consomme des protéines en suffisance et ne risque pas de souffrir de carences.
Prendre son temps

Comment aussi important que quoi !

Lors de la diversification alimentaire, l’enfant a besoin de temps : il est en plein apprentissage, en pleine découverte et pas seulement en termes d’alimentation. Y aller progressivement dans la douceur avec patience et bonne humeur est un plus pour lui et pour son attitude future face à la nourriture plus tard. Les repas que ce soit le sien ou celui de la famille auquel il participe sans encore manger, doivent être pris dans une ambiance agréable — sans stress- et peuvent même être des moments privilégiés à partager, patiemment, avec différents membres de la famille.

 

Du liquide au solide…

Petit à petit, selon le développement de l’enfant on adaptera la texture en passant du mixé à l’écrasé, selon l’aliment. Dès la fin de la première année, on pourra proposer des aliments écrasés, il faut savoir qu’avant même l’apparition des dents, l’enfant utilise déjà ses mâchoires pour manger des purées plus consistantes… Il faut bien sur là aussi écouter et observer l’enfant… et individualiser en collant à ses capacités tout en l’aidant à les développer : Le mode d’allaitement (biberon ou sein), l’utilisation des incisives et la mise en place de la mastication vont stimuler la croissance des mâchoires et des arcades dentaires. À partir d’un an, les aliments pourront être proposés séparément et en petits morceaux attendris par la cuisson et éventuellement à la fourchette. Les petits morceaux de viande, plus durs, seront introduits plus tard. Attention, jusqu’à 18 mois au moins, il faudra rester très attentif à la capacité d’ingestion par l’enfant de chaque petit morceau d’aliments.

 

 

Merci à toutes les personnes qui ont contribué à cette réalisation.
Nathalie CLAES, Diététicienne ONE
Comment préparer une panade ?
Nathalie CLAES, Diététicienne ONE
Que penser des petits pots ?
Documentation sur le sujet