Le temps et les mouvements

Apprendre

Au début, on ne sait rien ou si peu. Il faut tout apprendre : que l‘on a un corps déjà et qu’on en a la maîtrise : doigts, mains, bras, pieds…. Que l’on peut rouler, pousser, attraper, se redresser et même, un jour, se tenir debout et marcher… Ces mouvements, l’enfant les découvre, les acquiert, les pratique en jouant. Ils sont à la fois le moyen et le résultat de son développement psychomoteur… Chaque mouvement maîtrisé permettant d‘accéder à un autre : comme dans un jeu, on ne peut passer au niveau supérieur que lorsque l’on a atteint un palier ! Et cet apprentissage n’est pas que physique : s’il concerne le corps et l’espace, il implique aussi la relation à l’autre, la rencontre, le ressenti, la reconnaissance et l’expression de ses sentiments. Tout un programme, c’est pourquoi on peut dire : dis-moi comment tu bouges, je te dirai qui tu es.

 

Comprendre

La psychomotricité travaille la relation entre fonctions motrices et vie psychique : sensations, émotions, mouvements, rencontres. Le corps est à la fois outil d’expression, de découverte et de compréhension… C’est un moyen de grandir. Proposée en atelier ou en consultation, elle offre à l’enfant un espace sécurisant, du matériel adapté à ses compétences et un accompagnement. Ses visées sont le bien-être, l’autonomie et l’épanouissement de l’enfant. On ne lui apprend pas les choses : on le laisse s’explorer lui-même, trouver ses solutions. Il découvre comment descendre seul d’un module sur lequel il est monté parce qu’il en avait l’envie et la capacité (à l’inverse du petit bout que l’on fait monter sur un toboggan et qui pique une crise au-dessus parce qu’il n’ose pas se lancer dans la pente…) Dans ces moments, l’enfant est juste accompagné : on nomme ses expériences : le haut, le bas, derrière, dessous, l’autre, le dedans, le temps qui passe… Ainsi ces notions abstraites et conceptuelles prennent du corps.

 

Développer

Il n’y a pas qu’un seul courant ni qu’une application unique de la psychomotricité et selon l’âge et le développement de l’enfant, cette pratique se modifie. L’ONE propose des ateliers de psychomotricité en consultation, auxquels participent les parents ce qui favorise le lien. Il y a aussi des ateliers donnés en milieu d’accueil : on s’y assure du bon développement psychomoteur de l’enfant. On y propose des activités d’éveil et puis, il y a la psychomotricité à l’école et celle, proposée en ateliers dirigés, en extra scolaire… Chacune de ces pratiques peut, au final, déboucher sur une application thérapeutique si le psychomotricien constate un retard de développement dans les acquisitions physiques, mais aussi dans les interactions que l’enfant a avec les autres. Enfin, la pratique de la psychomotricité facilitera aussi à l’enfant l’accès à certaines notions qu’il rencontrera pendant son parcours scolaire : la géométrie par exemple, la notion d’espace, mais aussi et très simplement la socialisation et le respect des règles qui régissent un groupe et les relations humaines…

 

Boris JIDOVTSEFF, Professeur au Département des sciences de la motricité ULg, responsable du CEReKi.
Pourquoi inscrire son enfant à une activité de psychomotricité ?
Boris JIDOVTSEFF, Professeur au Département des sciences de la motricité ULg, responsable du CEReKi.
Quelles sont les différentes « formes » de psychomotricité ?
Boris JIDOVTSEFF , Professeur au Département des sciences de la motricité ULg, responsable du CEReKi.
À partir de quel âge commencer la psychomotricité ?
À l'eau et à l'atelier
La psychomotricité, qui relève de l’interaction entre l’enfant et son milieu, peut aussi être pratiquée dans l’eau. Le bénéfice est que l’eau permet d’autres mouvements : les chutes ne font pas mal, on peut expérimenter les glissades, l’équilibre, le souffle… Et puis les enfants apprennent à se mouvoir en milieu aquatique et se familiarisent aux cours de natation qui leur seront plus tard proposés.
Les ateliers proposés en consultation permettent aux parents de découvrir comment bouge réellement l’enfant et d’interagir avec lui, en observant ce qu’il est capable de faire, comment il trouve ses solutions, en le soutenant dans ses découvertes. Cela rassure quant à ses capacités. Le voir monter et redescendre habilement d’un module à un mètre de haut rendra moins anxieux lorsqu’il entreprendra d’escalader l’escalier. Cela il le sent et ça booste sa confiance en lui. Attention, ça ne veut pas dire que le reste du temps, il faut cesser de surveiller, mais on a au moins conscience de ses limites. De plus, ce moment à la consultation est hors du temps, hors du quotidien : un moment de rencontre, un moment partagé. C’est du lien qui se crée alors que l’enfant se sent à la fois libre et sécurisé = autonomie rêvée!

 

 

 

Activité chaque jour

Un esprit sain dans un corps sain

Un décret de 2003 a inscrit les activités psychomotrices dans l’enseignement maternel. C’est logique puisque l’école est un lieu d’apprentissage et de socialisation. Ces activités psychomotrices en milieu scolaire sont basées sur 3 notions :

  • La psychomotricité de la relation globale qui permet à l’enfant de construire son identité dans des situations de communication.
  • La psychomotricité de l’action vécue qui favorise l’autonomie de l’enfant en s’appuyant sur les apprentissages du quotidien : boutonner son manteau, monter un escalier, utiliser des  outils  comme les ciseaux, gommettes, crayons.
  • La psychomotricité perceptivo-motrice qui vise l’adaptation de l’enfant aux situations rencontrées grâce à une bonne connaissance de son corps et de l’espace, par la pratique d’exercices physiques impliquant coordination de mouvement, rythmes, équilibre…

Le tout expérimenté dans un cadre  réglementé (c’est l’école quand même) et dans un esprit d’interaction et de coopération…

Bouger, c’est vital

La sédentarité est un des maux de notre société : elle influe directement sur la santé. La pratique de la psychomotricité habitue l’enfant à utiliser son corps, à bouger pour le plaisir. Un enfant à l’aise avec son corps est plus à l’aise en général : mieux dans sa peau. Il a aussi plus de facilités au quotidien. Il sera plus enclin à se lancer dans des activités physiques régulières et intégrera plus facilement technique et discipline lorsqu’il sera en âge de faire du sport ou de la danse… Il faut savoir qu’il y a un temps pour tout et que certaines capacités fondamentales s’acquièrent à une période précise de la vie. Si on loupe ce moment, leur apprentissage, leur acquisition sera extrêmement difficile, voire impossible. Donc en proposant aux enfants des ateliers de psychomotricité respectant ces moments clefs, on leur offre une opportunité supplémentaire de s’épanouir pleinement.

Au quotidien

Nous ne somme pas psychomotriciens et nos intérieurs ne sont pas sécurisés : mais tous nous sommes psychomoteurs. Le mouvement est source de bien-être tout au long de la vie. Aujourd’hui, on propose même des ateliers de psychomotricité en maison de retraite ! Dès la naissance, l’humain se sert de son corps pour évoluer. L’enfant a besoin de bouger et d’être stimulé physiquement, sensoriellement, affectivement… Penser à sécuriser la maison pour qu’il puisse bouger ! Placer le tout-petit sur un tapis de jeu où il pourra rouler et attraper des objets, pratiquer des massages bébé, ne pas se fâcher quand l’enfant grimpe et glisse inlassablement du canapé… Et emmener tout le monde dehors, au jardin, en forêt, à la piscine, en plaine de jeux pour jouer sans pousser les enfants au-delà de leurs limites. Bon à savoir : si la première marche d’un module en plaine de jeux est inaccessible à un enfant, c’est qu’il n’a sans doute pas les capacités physiques suffisantes pour l’utiliser en toute sécurité. Bref, accompagner et partager les activités physiques de l’enfant au quotidien est un plus pour son développement et la santé générale de la famille…

 

Sheba CHASSEUR, Psychomotricienne, donne des ateliers psychomotricité à la consulation ONE d’Awans
Qu’est-ce qui caractérise les ateliers de psychomotricité proposés en consultation?
Sophie , Maman de Coline et Martin Budo.
Pourquoi participer à ces ateliers psychomotricité en consultation?
Charlotte REMICHE, maman de Lisa et Chloé, 5 ans et demi.
Elle nous explique pourquoi elle a inscrit ses filles à une activité de psychomotricité et ce qu’elles en retirent.

 

Responsable de la coordination
Bien sûr, rien n’oblige à inscrire l’enfant dans un atelier de psychomotricité. Certains jouets que l’on peut avoir à la maison s’apparentent déjà à des modules et une caisse en carton peut déjà faire l‘objet de découvertes. Il est juste vital de laisser les enfants s’exprimer, bouger, courir, sauter, se cacher… Dans notre société, dans nos habitations, il y a peu d’espace où les enfants peuvent bouger en liberté. Peu d’enfants ont encore le loisir (et l’autorisation et l’envie...) de jouer toute un après-midi au jardin, de grimper aux arbres… Or le mouvement est vital pour le développement. Les capacités psychomotrices, sensorielles, relationnelles, cognitives et affectives se développent en parallèle et ont besoin d’être expérimentées encore et encore. Jouer au ballon, par exemple, met en jeu toute une série de mécanismes et favorise le développement de nombreuses compétences. Saviez-vous que la vision se développe jusqu’à l’âge de 12 ans ? On comprend qu’il faille un peu de temps pour affûter sa coordination œil main… Tout est lié !
Documentation sur le sujet