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Les premiers concernés

Lorsque l’on pense adoption, en général on s’intéresse à l’enfant adopté et aux parents adoptants, mais il est d’autres acteurs concernés: les familles ou le plus souvent les mères que l’on qualifie de biologique ou d’origine. Elles sont pourtant au cœur de la démarche, et ce pour la plupart dans un souci du bien-être de cet enfant dont elles ne souhaitent pas être le parent. Une femme qui confie son enfant en adoption ne se sent pas prête à devenir ou redevenir maman dans les conditions de vie qui sont les siennes actuellement. Ces raisons sont éminemment personnelles et toujours différentes, mais on peut dire qu’elles sont en lien avec son parcours de vie : c’est à dire la relation qu’elle a pu avoir avec le père de l’enfant qu’avec l’enfant qu’elle a été et la famille qu’elle a eue. L’adoption peut donc concerner toute femme quel que soit son âge et son milieu socioculturel, mais aussi tout couple qui traverse les mêmes questions. Leur seul et meilleur interlocuteur dans ce cas : les organismes d’adoptions.

 

Procédure

Lorsque le (s) parent (s) de naissance souhaite confier leur enfant à l’adoption, ils doivent prendre contact avec un organisme d’adoption agréé. Contacter un organisme d’adoption agrée, il en existe trois en communauté française (ONE Adoption , Service d’adoption Thérèse Wante ASBL et Emmanuel Adoption ASBL ) et ils ont les seuls autorisés à organiser l’adoption d’un enfant. Toute autre personne, « entremetteuse » d’adoption serait hors la loi. Les rencontres avec le service d’adoption permettent un travail de réflexion et d’élaboration du projet d’adoption par le parent d’origine. Après la naissance, l’enfant est placé en pouponnière sous la responsabilité de cet organisme que le (s) parent (s) mandate pour accomplir les démarches administratives (inscription à la commune, mutuelle…) et prendre soin de l’enfant avant son adoption. Le délai pour consentir à l’adoption de son enfant est de deux mois minimum. Ce consentement peut être donné devant le tribunal de la famille, le juge de paix ou un notaire. Dans cet acte de consentement, le (s) parent (s) de naissance peut déléguer un tiers (le plus souvent un membre de l’organisme d’adoption) pour le représenter dans la procédure d’adoption devant le tribunal de la famille. Que le parent qui confie son enfant soit mineur ou pas ne change rien à la procédure d’adoption, c’est à lui de donner son consentement, de toute façon, sa famille ne sera pas avertie. Lorsque le parent de naissance a consenti à l’adoption, l’enfant sera confié à des parents adoptants sélectionnés par l’organisme d’adoption. Mais cela ne signifie pas encore que l’enfant est adopté, le parent de naissance peut éventuellement changer d’avis et revenir sur son consentement au plus tard 6 mois après le dépôt de la demande d’adoption au tribunal. Par contre, une fois l’adoption prononcée, tous les liens juridiques sont coupés avec les parents d’origine.

 

Premiers contacts

Lorsqu’une femme pense à l’adoption pour son enfant, elle doit commencer par contacter un organisme d’adoption agréé en adoption interne. Ces rencontres avec le service d’adoption permettent un travail de réflexion et d’élaboration autour des questions liées à cette maternité. Il s’agit également d’envisager avec elle toutes les possibilités autres que l’adoption. Car, si une femme fait ce choix de ne pas rester la mère de son enfant, ce choix doit être fait de façon libre et éclairé. La loi prévoit pour cette période de réflexion un délai minimum de deux mois à dater de la naissance de l’enfant, car 60 à 70 pour cent de ces femmes changent d’avis durant cette période. Ce n’est qu’une fois ce délai passé qu’un consentement à l’adoption peut être signé chez le notaire ou un juge de paix et que l’enfant pourra rencontrer sa famille adoptante.

 

Une autre vision du bien-être de l’enfant

Ce que vivent ces mères et donc leur bébé pendant les mois de grossesse semble déterminant. Pour beaucoup, malgré leurs difficultés, leurs moments de doute, de tristesse, il y a le sentiment de faire un choix de vie digne et responsable pour leur enfant et pour elles. Le sentiment aussi de faire la joie d’une famille. Quand elles peuvent s’exprimer, ces mères de naissance disent « donner » leur enfant à une famille qui l’aimera. Elles recherchent le bonheur de leur petit et manifestent leur volonté de lui offrir une vie meilleure, qu’elles savent ne pas pouvoir lui assurer. Il ne faut cependant pas idéaliser la situation : Lors des premières rencontres, elles apparaissent le plus souvent dépassées par les événements : elles sont en situation de crise et vivent l’enfant comme un problème, voire un ennemi.

 

Bienveillance

Petit à petit, pourtant, au fil des rencontres, elles réalisent qu’une solution est possible. Lorsqu’elles sont écoutées et aidées à exprimer ce qu’elles ressentent, l’enfant devient quelqu’un. Parler de lui, anticiper sa naissance, lui confère une réalité. Libérées d’une grande peur quand elles entrevoient une solution, elles peuvent alors se projeter et projeter l’enfant dans l’avenir. Elles deviennent l’alliée de leur enfant, comme le sera plus tard la famille adoptante. Elles peuvent lui parler, lui dire à la fois leur crainte, leur tristesse et leur joie de lui donner un avenir meilleur. Elles peuvent aussi lui expliquer les raisons de leur choix. Cette capacité à parler à l’enfant est déterminante pour la santé mentale de ce dernier: elle lui donne en quelque sorte l’autorisation de se construire loin d’elle, ailleurs et avec d’autres.

 

L’intérêt de l’enfant

Comme le stipule la convention de La Haye, tout enfant a droit à une famille : l’adoption est dans l’intérêt de l’enfant dans le cas ou le projet émane de la volonté des parents de naissance. Il est nécessaire que les parents biologiques puissent consentir, dans les mots ou dans les actes à ne plus occuper de fonction parentale afin que d’autres puissent s’autoriser à devenir pleinement parents de l’enfant et que celui-ci puisse s’autoriser à les considérer comme tels.

Géraldine MOISSE, Psychologue ONE Adoption
Qu’est ce qui peut pousser une mére, un couple a confier son enfant à l’adoption?
Béatrice BERTRAND, Direction de l’adoption du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Quelle est la procédure a suivre lorsque l’on souhaite confier son enfant à l’adoption ?
Béatrice BERTRAND, Direction de l’adoption du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Quel est le rôle des organismes d’adoption agréés ?
Sabine DUCHENNE, Psychologue ONE Adoption
Quelle est l’importance des rencontres entre la mère qui souhaite confier son enfant à l’adoption et le service d’adoption agréé ?
Béatrice BERTRAND, Direction de l’adoption du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Que se passe-t’il pour une mineure enceinte qui souhaiterait confier son enfant à l’adoption ?
Géraldine MOISSE, Psychologue ONE Adoption
Confier son enfant à l’adoption, une mesure dans l’intéret de l’enfant ?
Les organismes agréés d’adoption ne prennent pas l’initiative des contacts avec la mère d’origine. Ils sont sollicités par des situations qui leur sont présentées par les intéressés eux-mêmes ou par des tiers. Dans 12 % des situations, la mère a contacté elle-même l’organisme. Dans 88 % des situations, cette première démarche a été réalisée avec l’aide d’un tiers, généralement un des professionnels entourant la grossesse et la naissance : gynécologue, TMS, sage femme, service hospitalier… Le plus souvent, cette démarche est organisée bien avant que la grossesse n’arrive à son terme et cela permet d’organiser avec la mère tout un travail de réflexion autour de son projet. Parfois, l’organisme n’est contacté qu’à la naissance et 10% des cas concernent des enfants plus âgés (une situation particulière dont nous ne parlerons pas dans ces pages.)
En confiance

Donner (une belle) vie

Les mères expriment leur désir quant aux circonstances de la naissance : certaines souhaitent voir leur bébé, le prendre dans les bras ; d’autres préfèrent ne pas le voir, beaucoup demandent à connaître son poids, son sexe, à être rassurées sur sa bonne santé… Certaines aussi le prénomment – choix que les adoptants pourront décider de garder ou non. — La mère d’origine exprime aussi le sens premier de l’adoption (une famille à un enfant et pas l’inverse) et parfois, précise quel style de famille elle souhaite pour son enfant : une famille où tous les enfants sont adoptés – une famille qui n’a pas encore d’enfant – une famille où l’on acceptera sa couleur de peau – de jeunes parents’… Quelles que soient ses décisions, il est certain que quand elles sont respectées, la situation est moins angoissante pour elle et son nouveau-né. C’est important, car au moment de la naissance, il faut à la mère une grande force de caractère pour confirmer sa décision.

 

Les premiers jours

Le bébé séjourne en moyenne dix jours en néonatologie et partagera donc ses premiers jours avec des bébés également séparés de leurs parents, mais pour des raisons de santé.
À ce stade, il importe que la mère reprenne contact avec l’organisme d’adoption pour clarifier son projet, parler de ses souhaits de visite à l’enfant. L’organisme en collaboration avec une assistante sociale (la TMS ?) donnera des indications à l’équipe afin que celle-ci adopte l’attitude adéquate avec la mère et l’enfant. Le travail des infirmières n’est pas uniquement centré sur le médical et le soin, mais aussi sur le vécu du bébé. La communication est primordiale. Le dossier de l’enfant sera particulièrement bien tenu à jour et agrémenté de photos de l’enfant, éventuellement de la mère et l’enfant ou en compagnie d’un membre du personnel. Ceci permettra à l’enfant de reconstruire son histoire sans trop de zones d’ombre dans son passé.

 

La pouponnière

Après la maternité, le bébé sera placé deux mois en pouponnière. (Où la mère, qui a deux mois pour changer d’avis, peut aussi aller lui rendre visite.) Ces deux mois, délai de réflexion exigé par la loi, permettent au bébé de faire son deuil de sa maman de naissance, qu’elle vienne ou pas le voir. Certains de ces petits expriment physiquement leur souffrance, surtout quand la décision de la maman n’est pas clairement prise et l’angoisse. Ils régurgitent, dorment mal… En pouponnière, l’enfant est entouré et soigné, mais il a une personne de référence, une puéricultrice particulière avec laquelle il va tisser ces liens si importants pour son développement et qui lui permettront l’attachement lorsque ses parents adoptants viendront. Déjà à cet âge, on peut lui parler de ce vécu douloureux. On lui parle, on le rassure : tu es triste, tu souffres, mais il y a des parents pour toi… Les puéricultrices notent un maximum de détail dans un carnet : si le bébé boit bien, dort ou sourit… Elles prennent des photos. Plus tard, s’il le désire, l’enfant aura accès à ces informations.

 

Être retrouvé

L’adoption plénière est une rupture totale et définitive de filiation. Faire adopter son enfant signifie qu’on renonce à le rechercher, à rentrer en contact avec lui. Cependant, la loi prévoit que l’enfant puisse avoir accès à ses origines dès l’âge de 18 ans. Avant cet âge, les enfants peuvent être accompagnés et entendus dans leur questionnement même s’ils ne peuvent avoir accès à leur dossier.
Les services d’adoption sont présents pour accompagner les adoptés dans leurs recherches et le cas échéant encadrer une éventuelle rencontre. La loi les oblige à conserver toutes les informations relatives aux origines de l’adopté : identité de la mère, du père, situation de santé, suivit médical… En ce qui concerne les parents de naissance, le service reste également un lieu d’écoute à leur égard. Mais ils ne peuvent être à l’initiative d’une éventuelle rencontre. Leur souhait d’être retrouvé, ou non, peut être notifié dans le dossier de l’enfant. Parfois, la mère d’origine laisse un objet une photo, ou une lettre parfois rien… L’accouchement sous X n’étant pas autorisé en Belgique, le nom de la mère au minimum sera dans le dossier de l’enfant.

 

 

Merci à toutes les personnes qui ont contribué à cette réalisation.
Dr Luc ROEGIERS, Pédo psychiatre périnatal – UCL
Comment et pourquoi accompagner les méres, les couples qui souhaitent confier leur enfant à l’adoption et comment en arrive-t’on à devoir faire ce choix ?
Dr Luc ROEGIERS, Pédo psychiatre périnatal – UCL
Comment les équipes périnatales aident-elles la mére et l’enfant qui sera confié à l’adoption au moment de la naissance.
Marie BODINAUX, TMS ONE Consultation prénatale SAINT-PIERRE
Comment le relais vers un service d’adoption est-il assuré au départ d’un service de consultations prénatales ou d’un service de néonatologie ?
Corinne BOUSQUET, Psychopédagogue SASPE Reine Astrid.
Comment l’enfant est-il prit en charge à la pouponnière ?
Virginie GUILLAUME, Assistante Sociale SASPE Reine Astrid
Parfois les mères changent d’avis, comment les aider à aboutir leur projet de parentalité pour cet enfant qu’elles avaient choisi de faire adopter au départ ?
Documentation sur le sujet